Laisse moi voir ton âme !

Le vide autour de nous

L’un face à l’autre

Les corps immobiles

La respiration lente et calme

Les yeux ancrés dans les siens

Le regard profond, intrigué, déterminé

Un seul objectif:

Déverrouiller ce coffre fort !

Saisir cet insaisissable

Admirer, voir, cette beauté

Lire son âme !

Je tends la main 

Lentement, mais sans hésiter,

comme pour ne pas l’effrayer.

J’effleure sa chemise, 

là, où se trouve le coeur.

J’étale ma main sur son torse immobile,

et palpe la chair à travers le textile.

Qu’y a t-il derrière?

Se cache t-elle à l’intérieur?

Comment la dévoiler?

Dans ma réflexion, je fronce les sourcils.

Puis, je le scrute comme pour y lire

la permission d’aller plus loin.

J’interroge ses yeux :

« Que me cachez vous?

Exprimez- vous! »

Comme à des gardes inertes,

je leur demande de me laisser entrer.

Mais ils restent résolument impassibles

sans chaleur, ni lueur,

comme pour me dire :

« Tu ne rentreras pas par ici »

Mais leur sérénité m’intime

d’essayer une autre porte d’entrée...

Alors j’essaie de forcer le passage.

J’atteins le premier bouton.

D’un geste adroit mes doigts le défont.

A leur tour, l’un après l’autre,

Les autres boutons succombent.

Son corps reste immobile

Son regard reste calme

Sa respiration sereine.

A plat sur son torse découvert,

je balade ma paume et palpe.

« Où es tu, petite âme?

Je t’ai aperçue à travers sa voix.

Je t’ai ressentie à travers son histoire.

Maintenant que tu es devant moi, 

pourquoi je n’arrive pas à t’avoir ? »

Je l’interroge du regard :

« Est-elle là?

Me laisseras-tu la voir?

Laisse moi, ma petite âme,

juste t’approcher,

juste t’admirer,

Je promets de ne te faire aucun mal »

Soudain, dans ses yeux, 

La réponse cinglante

Me fait vaciller.

Je remets tout en question : 

« La curiosité n’est-elle pas un vilain défaut ? »

Ne pas dérober mon regard.

Affronter la mise en garde.

Malgré le coeur battant,

désormais m’intimant doucement :

« Veux-tu vraiment sauter dans le gouffre?

Plonger dans cette immensité?

Seras-tu à la hauteur,

si elle se dévoile à toi? »

Happée par le vide,

aspirée comme un aimant,

dans mon esprit s’entrechoquent,

la peur et le désir de la voir.

Et à mon tour je me fige,

submergée par le flot de mes doutes.

Maintenant, que faire?

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